Cinq demandes que vous pouvez encore faire à votre chef.

Manque de sens, tâches trop lourdes... Vous avez besoin du support de votre hiérarchie mais n'osez pas lui en parler. Vous avez tort! Explications. 

En entreprise, chaque manager exerce son style propre. Mais pourquoi ne pas demander des comptes à votre chef sur la manière qu'il a de gérer vos attentes? Certains théoriciens ont ainsi identifié des besoins spécifiques* d'un collaborateur, liés à son degré d'expérience dans la fonction. "Il est utile pour un salarié de connaître ces phases afin de comprendre quels sont ces besoins au moment T, et de pouvoir les exprimer à son manager", estime Valérie Moissonnier, coach de dirigeants et d'équipes. L'idéal serait certes que le manager les anticipe et y réponde sans que vous ayez besoin de les lui formuler. Mais l'entreprise n'est pas un monde idéal et on a beaucoup plus de chances d'être satisfait si on ose exprimer des demandes claires et justifiées. "Le manager n'est pas dans la tête de chacun de ses collaborateurs et ne peut pas tout deviner de leur attentes, admet Valérie Moissonnier. Vous avez toute légitimité à exprimer vos besoins professionnels. Demander, ce n'est ni revendiquer ni incriminer, mais tout simplement prendre les moyens nécessaires pour atteindre vos objectifs et améliorer vos performances. Et n'oubliez pas que c'est beaucoup plus confortable pour un manager d'avoir des salariés autonomes, qui s'expriment", conclut la coach.

1. Je manque de motivation: j'ai besoin qu'on donne du sens à mon action
Pour réussir dans une nouvelle tâche, il faut avoir l'envie de la mener à bien. Il est essentiel d'exprimer au manager une baisse de motivation, car elle tient souvent à des freins qu'il peut lever. "Souvent, c'est l'absence de sens qui crée la démotivation, remarque Valérie Moissonnier. Le manager a justement pour rôle d'expliquer l'objectif de votre mission et des raisons pour lesquelles il vous l'a confiée."

2. Je suis motivé mais je débute: j'ai besoin d'un style directif
C'est la situation classique quand on commence une nouvelle mission: on a très envie de réussir mais on n'a pas les outils pour. "Votre manager doit vous donner des objectifs clairs, un mode d'emploi précis, des indicateurs de résultats et vous montrer comment faire, indique Valérie Moissonnier. Vous avez besoin d'être encadré de près et d'avoir avec lui un suivi régulier de vos résultats. Si ce n'est pas le cas, à vous de demander ces éléments essentiels à cette phase de démarrage."

3. L'ampleur de la tâche m'effraie: j'ai besoin d'encouragements
En phase d'apprentissage, la prise de conscience de tout ce que vous devez faire peut conduire au découragement. Vous avez donc besoin que votre manager (ou un référent de l'entreprise, si votre chef n'est pas disponible) soit présent pour discuter de vos difficultés, vous encourager et souligner vos réussites. Vous devez aussi avoir le droit à l'erreur et disposer de formations nécessaires selon le contexte, ou de mises en situation avec un salarié plus expérimenté. "Sans ces éléments, l'échec est possible et vous êtes donc en droit d'obtenir ce que vous demandez, car c'est dans l'intérêt du manager que vous réussissiez", insiste Valérie Moissonnier.

4. Mes compétences progressent: j'ai besoin d'un manager coach
A mesure que vous prenez de l'assurance dans vos fonctions, le rôle de votre manager doit changer. Il est désormais là pour vous donner du feed-back, analyser avec vous vos forces et faiblesses. C'est ainsi que vous pourrez prendre vraiment confiance et devenir autonome dans vos tâches.

5. J'ai acquis une réelle maîtrise de ma fonction: j'ai besoin de délégation
Quand vous avez acquis la pratique de ce que l'on vous demande, vous avez besoin d'autonomie et donc que votre manager adopte avec vous un style "délégatif", reposant sur la confiance qu'il vous accorde. Ce qui n'exclut pas des points réguliers pour suivre votre activité. Mais tout contrôle excessif à ce stade risquerait de vous démotiver. "Vous êtes en droit de lui demander de vous laisser l'autonomie que vous méritez", souligne Valérie Moissonnier.
Au faîte de vos compétences et sans nouvelle occasion d'apprentissage, vous risquez de tomber dans une certaine routine source de démotivation. Si votre manager ne s'en aperçoit pas, à vous, encore, de le solliciter pour élargir votre périmètre et vous voir confier de nouvelles tâches ou de nouvelles missions. "Si rien n'est possible, c'est peut-être le moment de changer de poste, pointe la coach. Car le développement de votre employabilité passe par l'acquisition constante de nouvelles compétences."

* Le leadership situationnel est un modèle élaboré par Ken Blanchard et Paul Hersey qui propose aux managers de varier leur style de management en fonction du degré de compétenceset de motivation de leurs collaborateurs. En fonction des situations, ils adopteront un mode participatif, délégatif, directif ou persuasif.


Marie-Pierre Noguès-Ledru.

Lexpress.fr

Publié le 14 octobre 2014.

Mis en ligne le 1er novembre 2014.