Chefs d'entreprise, les jeunes ne sont pas ceux que vous croyez!
21 Octobre 2014
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Sacrifiée, traumatisée, désenchantée, la jeunesse ? Le temps est peut-être venu de changer de discours et de considérer que les jeunes ont autre chose à offrir que leur mal-être et le sacrifice de leurs ambitions, avec pour corollaire la commisération de leurs aînés. Après plus de six ans de crise, ils ont développé leurs anticorps et se disent prêts à s'investir avec ardeur dans leur vie professionnelle, à condition d'être écoutés, associés, considérés par ceux qui les encadrent. Bref, ils n'attendent qu'une main tendue pour participer à l'aventure.
Tels sont les enseignements d'une enquête que nous avons menée avec Ipsos (*) auprès d'un millier de jeunes de 18 à 35 ans, dont 75 % sont dans la vie professionnelle. Trois jeunes sur quatre considèrent que le travail est une source d'épanouissement personnel. La valeur « travail » est plébiscitée. Le principal facteur de réussite professionnelle cité par les jeunes est tout simplement « être travailleur » (59%) loin devant « avoir un réseau » (43% ) ou « être né dans un milieu favorisé » (15%). Fini le jeune qui compte ses 35 heures, fini le cynisme, finie la déprime !
Leur principale crainte ? Etre passés par pertes et profits. Plus d'un jeune sur deux estime manquer de reconnaissance dans son travail. Mais les attentes ont évolué. D'abord une augmentation de salaire, bien sûr, mais à égalité avec « de plus fréquentes marques de considération ». Plus étonnant encore, les jeunes déclarent massivement que « leur vie changerait » si les personnes qui les encadrent leur disaient plus souvent qu'ils doivent croire en leur capacité (85%), leur expliquaient les orientations de l'entreprise (76%), et oui aussi ... leur montraient qu'elles les aiment (78%). Se sentir reconnu donnerait à la quasi-totalité des jeunes l'envie de se donner « à fond » dans son travail, conduirait à ne pas trop compter son temps, voire à travailler le week-end s'il le faut. C'est cela que la crise a changé.
Les témoignages des jeunes que nous avons rencontrés sont édifiants... Il y a Laurie qui se souvient que « pour la journée de la femme, mon entreprise m'a offert comme à toutes les femmes un portrait de moi avec un objet de couleur rose ! Ils se sont trompés de siècle, non ? ». Il y a aussi Louise qui raconte : « Un jour, j'ai décroché un super contrat, j'ai monté tout le dossier, j'ai bossé comme une malade, je le connaissais sur le bout des doigts ; quand j'ai demandé d'aller au rendez-vous à Paris, on m'a dit : si tu veux y aller tu dépose un jour de congé !». Et il y a enfin Martin qui lâche « les entretiens annuels, dans ma boite, c'est le pipo total ».
Pour les chefs d'entreprise, ces résultats sur l'envie des jeunes de se réaliser dans le travail sont un formidable appel à changer leurs pratiques de management. La signature du CDI ne devrait pas être un aboutissement, mais le début d'une aventure collective dans laquelle on se sent exister. Comme on a installé des politiques de développement durable, il faut installer des politiques innovantes de reconnaissance des nouveaux salariés. Pas comme une figure imposée de la direction des ressources humaines, mais comme un pacte pour sortir de la crise.
Parier sur une ambiance positive et mieux reconnaître l'apport de chacun, voilà une belle ambition pour que les forces vives de l'entreprise aiment le travail, mais aussi leur travail.
(*) Enquête réalisée du 9 au 16 juillet 2014 auprès de 1 002 jeunes issus d'un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 à 35 ans. Échantillon interrogé par Internet. Méthode des quotas : sexe, âge, profession de la personne interrogée, région et catégorie d'agglomération. Tous les détails sont consultables sur www.doinggooddoingwell.fr
Hélène Roques.
Huffingtonpost.fr
Publié le 13 octobre 2014.
Mis en ligne le 21 octobre 2014.
Tels sont les enseignements d'une enquête que nous avons menée avec Ipsos (*) auprès d'un millier de jeunes de 18 à 35 ans, dont 75 % sont dans la vie professionnelle. Trois jeunes sur quatre considèrent que le travail est une source d'épanouissement personnel. La valeur « travail » est plébiscitée. Le principal facteur de réussite professionnelle cité par les jeunes est tout simplement « être travailleur » (59%) loin devant « avoir un réseau » (43% ) ou « être né dans un milieu favorisé » (15%). Fini le jeune qui compte ses 35 heures, fini le cynisme, finie la déprime !
Leur principale crainte ? Etre passés par pertes et profits. Plus d'un jeune sur deux estime manquer de reconnaissance dans son travail. Mais les attentes ont évolué. D'abord une augmentation de salaire, bien sûr, mais à égalité avec « de plus fréquentes marques de considération ». Plus étonnant encore, les jeunes déclarent massivement que « leur vie changerait » si les personnes qui les encadrent leur disaient plus souvent qu'ils doivent croire en leur capacité (85%), leur expliquaient les orientations de l'entreprise (76%), et oui aussi ... leur montraient qu'elles les aiment (78%). Se sentir reconnu donnerait à la quasi-totalité des jeunes l'envie de se donner « à fond » dans son travail, conduirait à ne pas trop compter son temps, voire à travailler le week-end s'il le faut. C'est cela que la crise a changé.
Les témoignages des jeunes que nous avons rencontrés sont édifiants... Il y a Laurie qui se souvient que « pour la journée de la femme, mon entreprise m'a offert comme à toutes les femmes un portrait de moi avec un objet de couleur rose ! Ils se sont trompés de siècle, non ? ». Il y a aussi Louise qui raconte : « Un jour, j'ai décroché un super contrat, j'ai monté tout le dossier, j'ai bossé comme une malade, je le connaissais sur le bout des doigts ; quand j'ai demandé d'aller au rendez-vous à Paris, on m'a dit : si tu veux y aller tu dépose un jour de congé !». Et il y a enfin Martin qui lâche « les entretiens annuels, dans ma boite, c'est le pipo total ».
Pour les chefs d'entreprise, ces résultats sur l'envie des jeunes de se réaliser dans le travail sont un formidable appel à changer leurs pratiques de management. La signature du CDI ne devrait pas être un aboutissement, mais le début d'une aventure collective dans laquelle on se sent exister. Comme on a installé des politiques de développement durable, il faut installer des politiques innovantes de reconnaissance des nouveaux salariés. Pas comme une figure imposée de la direction des ressources humaines, mais comme un pacte pour sortir de la crise.
Parier sur une ambiance positive et mieux reconnaître l'apport de chacun, voilà une belle ambition pour que les forces vives de l'entreprise aiment le travail, mais aussi leur travail.
(*) Enquête réalisée du 9 au 16 juillet 2014 auprès de 1 002 jeunes issus d'un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 à 35 ans. Échantillon interrogé par Internet. Méthode des quotas : sexe, âge, profession de la personne interrogée, région et catégorie d'agglomération. Tous les détails sont consultables sur www.doinggooddoingwell.fr
Hélène Roques.
Huffingtonpost.fr
Publié le 13 octobre 2014.
Mis en ligne le 21 octobre 2014.